Aucun système institutionnel ne se prolonge sans être soutenu par une volonté de vivre ensemble qui est en acte chaque jour, même si on l’oublie. Le contrat social est à redécouvrir comme un projet oublié et sans cesse redécouvert. Sans cela, le tissu social se disloque et laisse place aux clientélismes et aux maffias. Antonio FULLEDA - Magistrat président de l’ABLC et de l’ABAD.La convivance n’est pas la loi inscrite dans les codes divers et variés, qui nous serait imposée comme une limitation de vitesse ou un cadre rigide. Elle n’est pas gravée dans les livres et fait appel pour chaque individu à ses capacités d’autonomie, d’être responsable et raisonnable, respectueux de lui-même et des autres, apôtre laïque de la tolérance mutuelle. Alain Romero - Maire d’Espondeilhan.
Là est le secret de la convivance : celle-ci ne peut être garantie que si certain nombre de principes sont considérés comme « intouchables », lors de discussion. Nous nous trouvons pleinement dans le domaine de la convivance si, par ce terme, nous entendons le registre des pratiques sociales, des représentations intellectuelles et symboliques grâce auxquelles la vie collective est non seulement possible, mais pacifique et heureuse. Certes, les choses ne sont pas pour autant simples car la définition de ces principes fondamentaux et donc de ces valeurs qui font « la sainteté du contrat social », n’est jamais donnée par avance. Elle varie d’un siècle à l’autre, elle évolue avec l’histoire de la société, selon nos contradictions, ses conflits et les problèmes rencontrés. Mais c’est le lot de tous les principes et de tous les ordres sociaux. Chaque génération est donc responsable de la convivance qu’elle définit et met en œuvre. Cela signifie que chaque génération doit dire ce qu’est, pour le temps où elle est active et en fonction des problèmes spécifiques qu’elle rencontre, la liberté de chacun, les obligations réciproques, le sens qu’il faut accorder à la sphère privée et à la sphère publique, le contenu de l’ordre public qui s’impose à chacun. Citoyenneté et Convivance - Michel MIAILLE - Faculté de Droit Université de Montpellier 1.
Il s'agit de réunir les gens, de dédramatiser le litige qui les oppose, de faire en sorte qu'ils trouvent eux-mêmes une solution et surtout, une fois cette solution trouvée, de veiller vous à ce que les conventions établies entre les parties soient respectées. Georges APAP - Ancien Magistrat à Béziers.
La convivance et la société [...] forment un ensemble de cellules de personnes, de mini sociétés et il faut considérer que la cellule de base de la société est la famille : une cellule avec ses règles propres qui s’ajoutent aux règles normatives de la société, une cellule avec son chef, tout comme toute société civile a son chef, tout comme toute association a son président. Je pense que si l’on veut bien vivre en société, il faut avoir appris à bien vivre en Famille et si de tout temps il y a eu peur de la dislocation de la famille, c’est bien parce qu’elle est la cellule de base de la société puisque c’est le lieu des premiers apprentissages et le lieu des premiers ancrages dans la vie. Et bien parce que nous savons que la famille est la cellule de base de la société, le lieu où se transmettent les valeurs, le lieu où s’identifie l’enfant, le lieu où se réfugient les jeunes et les moins jeunes. C'est dans la famille que s'exprime en premier lieu l'amour envers un enfant, la solidarité, le respect, les premières expériences. La famille, rappelons-le cela ne fait pas de mal, c'est le premier endroit où le nouveau né reçoit de l'amour, c'est un point de repère fondamental, c'est le lieu où s'exprime la solidarité, où s'apprend le respect de l'autre, où se transmettent les valeurs, où s'éveille la créativité, la soif de vivre, c'est un refuge et c'est le maillon central de la cohésion sociale. C'est parce qu'une famille c'est tout cela et bien plus encore que, du moins ça devrait être tout ça, que les institutions tiennent à la sauvegarder en la protégeant, en la confortant dans ses changements par une adaptation des textes législatifs. La famille doit donc être protégée, d'autant plus que le questionnement sur la famille renvoie naturellement au questionnement quant à la protection de l'enfant. Bien vivre en famille, c’est avoir des liens avec père et mère et que s’il n’y avait pas de problème jusqu’en 1964 où l’image de la famille était père, mère et enfant, il y a aujourd’hui dislocation et c’est un lieu commun que de dire la famille a changé (et c’est un autre propos). Pour éviter cette dislocation, cette non vie en commun alors que l’enfant a besoin des deux parents pour se construire, on a créé … des lieux permettant la prise ou la reprise du lien afin de compenser en quelque sorte les non apprentissages qui auraient dû se faire en famille. Annie AURET - Avocat et Présidente de la Maison de la Parentalité.
http://pagesperso-orange.fr/bezierslacitoyenne/ActesUnivETE.htm
En favorisant le développement d’un sujet respectueux de lui-même et des autres et celui, indissociable, de relations sociales plus harmonieuses et solidaires au sein de l’institution scolaire, l’heure de vie de classe devrait en même temps faciliter aussi bien les apprentissages scolaires que la construction du lien social dans l’école mais aussi dans la société de demain. Elle constitue par là même un des moyens de lutte efficace contre la démotivation, la déresponsabilisation ou la violence. Marie PATALACCI - CIO de Béziers.
Pierre Bourdieu dans Esquisse d'une théorie de la pratique, publié chez Droz en 1972, systématise une observation déjà faite par Antonio Gramsci dans Cahiers de prison, publié chez Gallimard de 1978 à 1986. Gramsci : “ ... la conscience de l'enfant n'est pas quelque chose d' "individuel"... elle est le reflet de la fraction de la société civile à laquelle appartient l'enfant, le reflet des rapports sociaux tels qu'ils se nouent dans la famille, l'entourage, dans le village, etc." Les descriptions, illustrations et citations des observations dans les écoles sont toujours vivantes et pertinentes et nous font vraiment pénétrer au cœur des traditions. Nous avons tous à comprendre les divers modes d’appartenance et de participation auxquels les enfants se trouvent confrontés au quotidien à l’école : « Ecole-Famille », « Ecole-Cité », « Jardin d’Enfants », « Ecole-Morale », « Ecole des Honneurs ». Un modèle dominant de « l’Ecole Famille » se distingue en Angleterre par rapport à un modèle de « l’Ecole Cité » en France. Ceci nous indique deux modèles de citoyenneté profondément différents dans les deux pays, avec le développement de la personne-enfant au centre dans le premier cas, et celui de l’écolier confronté aux savoirs scolaires dans le deuxième cas. Bon nombre de comportements nous apparaissent aller de soi tant ils sont ancrés dans notre socialisation : les parents anglais accompagnent leurs jeunes enfants jusque dans la classe le matin, ils y restent même un petit moment, partageant avec les enfants des temps en présence des enseignants. La tradition française de séparation sur le seuil de la classe, profondément ancrée dans les habitudes collectives des enseignants et des parents, nous montre bien que la convivance propose certaines évolutions dont les premiers bénéficiaires seront nos enfants. Nombre de dirigeants d'établissements scolaires entrevoient des possibilités d'impliquer les parents, mais c'est toute une autre culture à conjuguer avec des efforts communs de convivance entre les parents, les familles et le corps des enseignants. Alain Bouthier - Comité Parental de Réflexion de PEM Mediation.
http://convivance-liens.voila.net/
Ecoute, dialogue, débat d’idées, responsabilisation, respect de l’autre … suppose le cadre d’une liberté bien comprise qui se situe entre droits et devoirs entre citoyenneté et convivance. Laurence FULLEDA - Professeur de lettres modernes à Henry IV Béziers.